AVIS BD – LE BOXEUR

L’incroyable et authentique histoire du Polonais Hertzko Haft, survivant des camps de la mort nazis devenu après-guerre boxeur aux Etats-Unis.

Né Juif en Pologne en 1925, Hertzko Haft, comme tous ses coreligionnaires, vit l’entrée dans la Seconde Guerre mondiale comme une tragédie. Rapidement envoyé en camp de travail, le jeune homme apprend la survie de manière inattendue : sommairement formé à la boxe par l’un de ses geôliers, il devient une sorte d’attraction sportive au cœur de l’horreur concentrationnaire, en livrant des combats de boxe qu’il parvient toujours à gagner. Miraculeusement rescapé de l’holocauste, Hertzko Haft finira après-guerre par émigrer aux Etats-Unis. Là, tirant parti de son étrange expérience sportive, il se remet à la boxe, avec une idée secrète : devenir si célèbre que Leah, la jeune Polonaise dont il est tombé amoureux au tout début de la guerre et dont il a perdu la trace, entendra forcément parler de lui…

Publié en 2013, Le boxeur est une nouveauté Izneo disponible depuis quelques jours maintenant. Fan de boxe et amateur de récits autobiographiques, j’ai tout de suite été intéressé par l’histoire de Hetzko Haft. Ce jeune juif déporté ayant survécu au cauchemar des camps de la mort nazi grâce à la boxe et sa malice.

Quand on parle de la seconde guerre mondiale, impossible de penser à autre chose que la cruauté nazi envers le peuple juif. Malgré les nombreux films, documentaires … sur le sujet, je trouve que les témoignages de survivants, qu’ils soient écrits ou oraux, sont les meilleurs moyens de transmettre cette violence. A l’époque du lycée, j’avais été beaucoup touché par l’intervention d’une survivante qui était venue nous raconter son quotidien dans les camps d’Auschwitz. Au passage, si certains sont intéressés par le sujet, je vous conseille de lire Si c’est un homme de Primo Levi. Personnellement, ce récit m’a beaucoup appris sur le sujet mais m’a aussi fait grandir en tant qu’homme. Il fait d’ailleurs partie des rares œuvres m’ayant tiré des larmes.

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Comme souvent dans ce genre de récit, l’auteur (Reinhard Kleist) commence son histoire avec des scènes de tous les jours. Des scènes contemporaines des jeunes années de Hertzko et de sa famille dans sa petite bourgade polonaise. Orphelin de père dès son plus jeune âge, et dans un pays déjà miné par l’antisémitisme, Hertzko et son grand frère doivent subvenir aux besoins de leur famille, et ce malgré le fait qu’il soit à peine rentré dans l’adolescence. Une adolescence qui ne se passera pas comme prévu, avant même ses 18 ans il commencera un long périple dans les camps en ayant voulu sauver son frère. Comme des millions d’autres innocents, il sera trimballé de camp en camp à travers la Pologne. A l’instar de nombres autres survivants, il ne doit sa vie qu’à son courage, et sa volonté de vivre.

Enfin, si le nom de la BD nous met sur la piste sur le comment Hertzko a survécu dans les camps de travail et de concentration, boxeur n’est pas le seul rôle qu’il a dû jouer pour les allemands. Dans son malheur, il a eu la « chance » de tomber sur des geôliers l’ayant pris sous leurs ailes, tantôt en tant que boxeur, tantôt en tant que voleur, ou de contrebandier.

Après son évasion lors des marches de la mort, Hertsko Haft réussi à rejoindre les Etats-Unis où démarre alors la seconde partie de la BD, et sa carrière de boxeur.

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La seconde partie du livre se concentre quant à elle sur les pérégrinations de Harry Haft (son nouveau nom) dans ce nouveau continent qu’on appelle USA. Toujours marqué par ce qu’il a vécu en Allemagne, Harry souhaite vivre de la boxe ! Non pas pour l’argent, mais pour la gloire… Une gloire qui lui permettrait de renouer contact avec celle qu’il aimait avant la guerre, celle qu’il souhaitait épouser et dont il a perdu trace. Seul certitude, elle est, elle aussi, aux Etats-Unis.

Cette deuxième partie, est tout aussi intéressante car elle montre comment un homme tente de se reconstruire après avoir vécu l’infâme. Ses démons ne quitteront jamais réellement Harry, marqué à vie, au sens propre comme figuré, par ce qu’il a vécu.

Note (/5)

Entièrement en noir et blanc, le style graphique fonctionne très bien et alterne entre le détail et le grossier, comme si pour montrer l’indicible, l’illisible était la meilleure des solutions. Immergé, le lecteur fera ainsi corps  à un récit sobre mais sans censure.