11/11 MEMORIES RETOLD – A LA MÉMOIRE DE NOS PÈRES
En 2014, Ubisoft sortait un petit jeu sans prétention du nom de Soldats inconnus : Mémoires de la Grande Guerre. J’avais beaucoup apprécié ce jeu à l’époque, et l’histoire m’avait également beaucoup touché. Par conséquent quand j’ai appris que la team en charge de Soldats Inconnus avait quitté Ubi pour se lancer dans l’aventure indé avec Digixart Entertainment et un nouveau projet, je ne pouvais qu’être emballé.
Si le « premier opus » était un jeu d’aventure/réflexion, 11 /11 Memories Retold se présente davantage comme un jeu narratif, voire même contemplatif. Dès les premières images j’avais été intrigué par la direction artistique choisie par les équipes du jeu édité cette fois chez Bandai Namco. Le jeu est réalisée dans un style aquarelle qui donne l’impression de vivre l’histoire à travers une peinture. Un pari pictural osé mais qui m’a séduit.
Un duo de qualité
Comme dans son prédécesseur, plusieurs personnages seront jouables dans 11/11. Vous incarnerez à tour de rôle un soldat allemand et un soldat canadien dont les chemins vont inexorablement se croiser.
Harry est un jeune photographe canadien, attiré par l’aventure et l’envie de séduire son amie d’enfance, il décide de s’engager au côté du major Barrett. Un vétéran de guerre obsédé par la gloire et la victoire.
Face à cette intrépide canadien, Kurt, un père de famille trop âgé pour combattre sur le champ de bataille, se retrouve malgré lui dans les tranchées à la recherche de son fils Max.
Doublés par Elijah Wood (Le seigneur des Anneaux, Sin City) et Sebastian Koch (Le pont des espions, La vie des autres), le duo Harry/Kurt fonctionne à la perfection. Si son style graphique est particulier, la narration est elle aussi un élément de gameplay et d’immersion majeur du titre. La justesse & la simplicité de la narration font mouche et nous transportent à travers toutes les émotions possible, le rire, les larmes, la peur …
Pour en finir avec les personnages, si l’histoire se concentre évidemment sur le quotidien d’Harry et Kurt, une attention toute particulière a également été réservée aux autres protagonistes. Le major Barrett et son rôle de mentor ; la femme et la fille de Kurt, victimes malgré elles de la guerre ; Julia, qui vit la guerre depuis son Canada natal grâce aux courriers et photos d’Harry …
Une guerre longue et pénible
Si Soldats Inconnus était réalisé dans un style cartoon quasi identique de bout en bout. Les développeurs ont essayé ici de rendre et transmettre l’évolution de la guerre en jouant habilement sur les tons, couleurs et musiques. C’est d’ailleurs ici que ressort tout l’intérêt du choix artistique, si les peintures sont très colorées au début de l’aventure au fur et à mesure que la fin de la guerre approche, les teintes deviennent de plus en plus sombres. Comme si la palette de couleur était le miroir de l’âme de nos deux héros.
Autre mécanique très simple mais efficace pour montrer l’avancement de la guerre, le compte à rebours utilisé pour dater les différents événements et moments du jeu. Cela permet au joueur de facilement se situer dans l’histoire et l’Histoire…
En parlant d’histoire, le fait que les motivations de Harry et Kurt soient plutôt simples : devenir le meilleur reporter de guerre/sauver mon fils, permet de se plonger facilement dans cette Histoire et nous fait ressentir assez rapidement de l’empathie envers chacun d’eux. Si tous les opposent, leurs histoires vont s’entremêler pour ne faire qu’une dans un dénouement très touchant.
Sans spoiler l’histoire, plusieurs fins sont possibles… et aucuned’elles (6) ne saura jamais vraiment vous satisfaire. C’est là aussi la force du scénario d’après moi.
Note(/5)
A l’instar de Soldats inconnus, 11/11 Memories Retold nous permet de vivre de l’intérieur le cauchemar de la guerre. La possibilité de jouer à la fois des protagonistes des deux camps nous permet de bien imaginer le quotidien de ses hommes balancés sur le champ de bataille par leurs dirigeants respectifs.
Le doublage d’Elijah Wood et Sebastian Koch porte réellement le jeu et réussi à sublimer le style impressionniste de l’œuvre. Le seul défaut du titre au final réside dans certaines phases de gameplay un peu lourde de temps en temps et les collectibles qui sont réellement chronophages … et peu visibles. Malgré ces petites imperfections la qualité du jeu est à saluer, ne serait-ce que pour l’écriture et ses fins chargées en émotions.